Une Histoire musicale du rock by Christophe Pirenne

Auteur:Christophe Pirenne [Pirenne, Christophe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Rock, Musique
ISBN: 9782213624303
Éditeur: Fayard
Publié: 2011-11-01T23:00:00+00:00

Old school hip-hop

Le premier disque de rap est un « one hit wonder » conçu par un groupe préfabriqué. Trois rappeurs rassemblés par la productrice et fondatrice du label Sugar Hill Records sous le nom de… Sugar Hill Gang sont envoyés en studio où quelques musiciens de session rejouent la partie rythmique de GoodTimes (1979) de Chic. Sur cette fondation, les trois MC rappent alternativement un long texte débutant par des vers baptisant le genre :

I said a hip, hop, the hipi, the hipi do the hip hip hop, you don’t stop the rockin

[…] now what you hear is not a test. I’m rappin’ to the beat

And me, the groove, and my friends.

We gonna try to move your feet.

Ce long discours intitulé Rapper’sDelight (1979) remplit un maxi single d’une durée de 14’37’’. C’est un succès immédiat. Il se vend par millions et entre dans les hit-parades généralistes de nombreux pays. Dans le Bronx, les fondateurs du hip-hop n’en reviennent pas. C’est la première grande escroquerie du rap. Trois inconnus qui n’ont pas de DJ, ne sont jamais montés sur une scène et ont de surcroît emprunté une part de leur texte à Grandmaster Caz sans en faire mention les surpassent à leur propre jeu. Ils imposent le studio sur l’expérience de la scène et prouvent qu’il est possible de faire des disques à partir d’autres disques. Mais le groupe a d’autres arguments à faire valoir. Sa principale source musicale par exemple. Elle ne provient pas d’une chanson inconnue mais d’une des scies les plus récentes et les plus diffusées du disco. Le texte ensuite. Il évite le recours au langage argotique pratiqué dans le seul South Bronx et promeut d’une manière gentille les plaisirs de la danse. La conjoncture enfin. Le disco s’essouffle et les majors ne trouvent guère de parade. Le rap avec un son frais, gonflé, répétitif semble s’imposer comme une magnifique alternative pour les danseurs en mal de nouveautés. Rapper’s Delight est aussi un beau cas juridique. La firme n’omet pas seulement le nom de Grandmaster Fly, elle ne juge pas non plus bon de citer les sources musicales. Mais cette fois, tout le monde – y compris les avocats – les connaissait. Nile Rodgers et Bernard Edwards de Chic entreprennent une action en justice contre le groupe et se voient rapidement crédités comme cocompositeurs. Ce sera le début d’une véritable industrie.

Le succès de Sugar Hill Gang bouleverse la scène. En quelques semaines, tout le monde se retrouve en studio. Sugar Hill Records accueille Funky 4+1 et Grandmaster Flash tandis que Afrika Bambaataa se retrouve chez Winley Records puis rapidement chez Tommy Boy Records. Kurtis Blow, un natif de Harlem, est le premier artiste de rap à obtenir un contrat sur une major, Mercury en l’occurrence. Ses deux premiers singles, ChristmasRappin’ (1979) et TheBreaks (1980), deviennent disque de platine.

Le mouvement est lancé, mais pour que le rap devienne un phénomène global, pour que la classe moyenne s’identifie à cette culture de ghetto, d’autres éléments entrent en jeu

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